Amalgame dentaire: une brève histoire

L’amalgame dentaire aurait été utilisé pour la première fois par un homme du nom de Su Kung en Chine vers 659 de notre ère. Plus récemment, en 1528, un médecin allemand nommé Johannes Stokers recommanda l’amalgame comme matériau d’obturation dentaire. Cinquante ans plus tard, en 1578, Li Shihchen a écrit un mélange de 100 parties de mercure dentaire, 45 parties d’argent et 900 parties d’étain pour le remplissage des dents.
La prochaine référence historique majeure à l’amalgame argent-mercure a été enregistrée en 1826, quand un Français du nom de Traveau a décrit un matériau d’obturation «pâte d’argent», produit en mélangeant des pièces d’argent avec du mercure. En 1833, les frères Crawcours aux États-Unis introduisirent leur «Royal Mineral Succedaneum», un nom de fantaisie qui désignait un mélange de pièces de monnaie française d’argent rasées et de mercure, mélangées dans une pâte et placées dans la cavité. Jusque-là, le matériau d’obturation le plus couramment utilisé était la feuille d’or, qui était enfoncée dans la cavité à l’aide d’un maillet. C’était (et est) un excellent matériau d’obturation, mais il était (et est) plus cher et plus difficile à placer que d’autres matériaux et est donc rarement utilisé de nos jours.
L’amalgame dentaire est utilisé et étudié de manière approfondie depuis 150 ans en tant que matériau de restauration. Son innocuité et sa durabilité sont bien établies et il reste le matériau le plus approprié pour certaines situations cliniques. Il s’agit d’un matériau éprouvé, durable, résistant, bactériostatique et économique, facile à manipuler et à placer dans des cavités de toutes tailles.

Pourquoi les amalgames dentaires sont-ils un problème environnemental?

La consommation de poisson et de fruits de mer contaminés par du méthylmercure est la principale source d’exposition au mercure pour la majorité de la population. Le méthylmercure est la forme de mercure la plus toxique et la plus susceptible de s’accumuler dans la chaine alimentaire. Il n’existe aucune preuve que la forme élémentaire de mercure présente dans les amalgames dentaires, qui est plus stable, pose un risque pour la santé des personnes amalgames. Cependant, lorsque des amalgames dentaires sont relâchés dans l’environnement, le mercure qu’il contient peut être transformé en méthylmercure par des microbes aquatiques. Cela peut alors s’accumuler dans la chaine alimentaire et entrainer une contribution indirecte de l’amalgame dentaire à l’exposition humaine au mercure. L’amalgame dentaire apporte une petite contribution à cette pollution, et les mesures spécifiées par le règlement sont conçues pour minimiser son élimination dans l’environnement ainsi que de réduire progressivement son utilisation sur plusieurs années.
Le règlement de l’UE stipule que, à compter du 1er juillet 2018, les amalgames dentaires ne doivent plus être utilisés dans le traitement des enfants de moins de 15 ans ni chez les femmes enceintes ou allaitantes, sauf si cela est jugé strictement nécessaire par le médecin-dentiste compte tenu du patient. Le règlement de l’UE oblige les États membres à établir, avant le 1er juillet 2019, un plan national décrivant les mesures envisagées pour réduire l’utilisation d’amalgames dentaires. Certains patients pourraient s’inquiéter du fait que les restrictions d’utilisation imposées à certains groupes de patients, telles que spécifiées par le règlement de l’UE, donnent à penser que la sécurité des amalgames dentaires est en cause. Cependant, le règlement est entièrement basé sur des préoccupations environnementales et il n’existe aucune raison factuelle de restreindre l’utilisation de ces groupes pour des raisons de santé.

Les patients devraient-ils avoir des amalgames existants enlevés?

Il n’est pas justifié de retirer par précaution les restaurations dentaires d’amalgames dentaires satisfaisantes, sauf chez les patients ayant reçu un diagnostic de réaction allergique aux composants de l’amalgame. C’est une situation rare. Le processus d’élimination des restaurations à l’amalgame dentaire libère temporairement des vapeurs de mercure. Des filtres ou récupérateurs sont installés en général sur les fauteuils dentaires afin d’éviter l’élimination de l’amalgame dans la nature.

D’autre part, malgré que le taux de survie de ces types de restaurations est relativement élevé (+15ans), le risque de fracture des dents est également élevé à cause de la pression exercée sur les parois de la dent. Cette pression est due au changement volumétrique de l’obturation en amalgame qui varie avec la fluctuation thermique en bouche.

Dans les cas où la facture est limitée à la couronne de la dent, cette dernière pourra être conservée et restaurée.

Dans d’autres cas, la fracture est profonde et s’étend à la racine de la dent, cette dernière sera perdue et donc extraite.